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HIPPOCAMPE FOU

Hippocampe Fou s’envole !

A droite après la deuxième étoile et tout droit jusqu’au matin, c’est la route que suit Hippocampe Fou pour son deuxième album. Avec Céleste, le rappeur aquatique sort de son bocal sur un tapis volant, Les Chants de Maldoror sous le bras et la B.O. du Magicien d’Oz dans le ghetto-blaster.

Hippocampe Fou - Photo : Marylène Eytier - Longueur d'Ondes N°76

Châtelet-les-Halles. Une terrasse de café parisien. Un papa barbu, la trentaine souriante, répond aux dernières questions d’une jeune journaliste. Ce n’est ni la première, ni la dernière entrevue de la journée ; juste après, ce sera le tour de Longueur d’Ondes. Et d’ici une heure ou deux, le chanteur-rappeur-conteur sera sur Inter pour parler cinéma, sa première passion, et de son deuxième album. Un marathon de questions auquel le jeune homme au sous-pull constellé d’étoiles se plie volontiers. « C’est très gratifiant, et en même temps je me dis que c’est mérité, je le vis bien. Le fait d’avoir eu une communauté d’amis sur Internet, grandissant de manière progressive, lente, ça m’a permis de passer des paliers sans être surpris par le succès. » Cinq millions de vidéos vues sur Youtube, des tournées dans plusieurs pays francophones et des invitations de grands médias français… ce sont déjà de belles étapes qui jalonnent le parcours du rappeur aquaphile.

2002. Sébastien squatte les salles obscures et la fac de cinéma dans l’idée qu’un jour il racontera sur grand écran les mêmes histoires qu’il s’inventait dans la cour de l’école. Le destin s’en mêle : ce sera sur les planches que ses récits rêveurs prendront vie, lors de soirées slam grâce auxquelles le jeune conteur fait ses premiers pas sur scène. 2002, c’est aussi la grande époque de MySpace, un endroit où l’illustre inconnu peut faire découvrir ses morceaux à des milliers d’auditeurs curieux. « Quand tu réalises un film, que ce soit de la fiction ou du documentaire, tu racontes une histoire. Au final, écrire un morceau, c’est aussi raconter une histoire. Au moment où je me suis dit “Ok je vais tenter ma chance dans la musique”, j’avais beaucoup plus d’espoir de déboucher sur quelque chose que dans le cinéma, parce que je n’avais pas spécialement de contact. Ce que j’avais produit me semblait trop confidentiel. Avec la musique, j’avais déjà des retours de gens qui sortaient de nulle part grâce à Internet. » L’occasion fait le larron. Quelques mois plus tard, Sébastien a un pseudo, Hippocampe Fou, et un groupe, la Secte Phonétik.

« C’est avec eux que j’ai fait mes premiers concerts, mais ils étaient déjà bien plus avancés que moi. A l’époque je rappais seulement dans ma chambre ou dans des parcs, le soir. Du coup, j’ai eu une petite frustration de ne pas avoir pu vraiment explorer mon univers solo, tout ce que j’avais dans la tête. Au bout d’un moment, j’ai voulu faire mes armes tout seul, j’ai créé des vidéos avec un pote, on a déliré pendant un an. » Petit à petit, Hippocampe Fou se forge un style unique, une personnalité artistique qui permet de le reconnaître sans pour autant le ranger dans une catégorie étriquée. Ainsi naît l’aquastyle qui mêle légèreté et technique, le rappeur étant capable de petites prouesses d’élocutions. Une net-tape aquatique plus tard vient l’heure du premier album, Aquatrip, qui ramène des profondeurs le bilan de quelques années de recherches stylistiques dans les abysses.

Le problème, quand on se fait connaître avec un concept aussi particulier, c’est de ne pas se laisser enfermer dans un rôle que l’on ne voudrait plus jouer. Pour le deuxième album, Céleste, l’Hippocampe décide donc de prendre de la hauteur en s’élançant vers le ciel : une manière de se renouveler sans rompre la cohérence de son univers fantastique, onirique et surréaliste. « Au bout de quelque temps j’ai fini par me dire : bon, aquatrip, aquastyle, aquamerci, ça aquassufit… J’en ai pas aquamarre, mais presque. Le fait de partir dans un univers céleste était dans la logique et dans la continuité. C’est comme si je faisais partie de l’univers marin ; comme si l’eau de mer s’évaporait et que, tout d’un coup, je me retrouvais dans les nuages, avec ensuite un passage par la terre. » Comme l’histoire de la vie sur la planète, le parcours d’Hippocampe Fou commence dans les profondeurs. Après plus de dix ans de maturation au fond des océans, le style de l’Hippocampe se laisse pousser des ailes au gré des mutations et prend le continent d’assaut, progressivement et naturellement. L’évolution logique et saine d’une espèce qui grandit et se porte bien.

Site de Hippocampe Fou

Texte : EMMANUEL DENISE

Photo: MARYLINE EYTIER

 


CELESTE

Pias

Hippocampe Fou_CÉLESTE_-crédit-FifouDans une discipline où les artistes se distinguent par la qualité de leur flow, l’aquastyle a quelque chose d’évident. La façon de rapper d’Hippocampe Fou glisse sur les beats comme on nage dans les nuages, montant, descendant, accélérant ou ralentissant au gré des vents favorables. Le thème du voyage est décliné tout au long de l’album, qu’il soit vertical (« Las Estrellas »), horizontal (« La grande évasion »), temporel (« Chasse au sorcières ») ou intime (« Arbuste généalogique »). Onze titres grâce auxquels l’Hippocampe explore des horizons sonores très différents, de la bossa nova au Sud des États-Unis, de l’Égypte antique au Pays des Merveilles.

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